Otherwïse Escape
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 ( Dream Wish ; quand rêve devient réalité.

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MessageSujet: ( Dream Wish ; quand rêve devient réalité.   ( Dream Wish ; quand rêve devient réalité. EmptySam 28 Nov - 13:55


    Je sais que beaucoup ne liront pas ; donc je remercie d'avance ceux qui ont le courage de lire.
    Une histoire basée sur le rêve, et sur la réalité. Histoire fantastique.
    J'espère qu'elle vous plaira =)
    Désolée pour les retours à la ligne au milieu des phrases, mais ça fait ça quand je fait un copier/coller de Word alors ...

    Entrez dans le monde de :

    DREAM WISH.
    Quand rêve devient réalité...
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MessageSujet: Re: ( Dream Wish ; quand rêve devient réalité.   ( Dream Wish ; quand rêve devient réalité. EmptySam 28 Nov - 13:58


    C h a p i t r e
    1 :

    « Dure réalité… »


    La sonnerie sonna soudainement, obligeant le professeur à hausser la
    voix. Je soupirai doucement. Troisième semaine de cours, et déjà, je n’en
    pouvais plus. La chaise à côté de moi était vide, et même si la plupart des
    élèves s’étaient enfuis à la sonnerie, elle était restée inoccupée toute
    l’heure. Et l’était à la plupart des cours. Je rassemblais mes affaires, ne
    prêtant qu’une attention distraite aux paroles du professeur. Lorsque je sorti
    de ma rêverie et relever enfin mon regard bleu, je remarquai que la salle était
    vide –personne n’était là à m’attendre- et que l’instituteur de français
    m’observait avec une curiosité non feinte. Gênée, je me relevai brusquement,
    faisant chavirer ma trousse que je rattrapai de justesse. Finissant de fourrer
    mes affaires dans mon sac, je lançai un faible « au revoir » et
    sortit. Dehors, l’air humide de l’automne fit danser mes cheveux blonds comme
    les blés. Un coup d’œil à ma montre m’apprit que j’étais à deux doigts de
    louper mon bus et c’est en courant presque que je l’atteignis enfin, allant
    m’installer sur un siège vide sans un mot –je m’étais lassée de saluer un
    chauffeur qui ne prenait jamais la peine de répondre, ni même de montrer un
    quelconque intérêt. M’asseyant du côté de la fenêtre, je posai ma tête contre
    la vitre, et fis ce que je savais le mieux faire : rêvasser. Rêveuse de
    nature, j’avais une imagination débordante. Etait-ce cela qui m’isolait ?
    Je l’ignorais. Je n’étais pourtant pas méchante ; juste peu bavarde, de
    nature solitaire et timide. Différente des autres jeunes de quinze ans quoi.
    C’était peut-être ça ce qui me tenait à l’écart des autres, au fond. La
    différence. Peu parvenaient à l’accepter, et les rares qui prenaient en compte
    la différence comme un don, je ne les connaissais apparemment pas. Soudain, je
    remarquai que quelqu’un se tenait debout près de mon siège, hésitant, avec
    –aussi dur que cela semblait-
    l’intention de s’asseoir à mes côtés. Revenant à la réalité, mes
    prunelles d’un bleu profond s’accrochèrent sur l’individu. Mon cœur se
    serra ; mon pouls s’affola. C’était Nigel. Je pris mon sac qui l’empêchait
    de s’asseoir sur le siège d’à côté, et le mis à mes pieds. Un coup d’œil aux
    alentours m’ôta tout espoir –s’il était venu était là, c’était seulement pour
    la simple et bonne raison qu’il n’y avait plus de place ailleurs. Je lâchai un
    long soupire. Si on s’asseyait à la place à côté de moi, c’était toujours par
    manque de place, jamais volontairement. Qui était Nigel ? Juste un garçon
    populaire, qui ne voyait que les filles qui jacassaient à longueur de journée.
    Et bien sûr, mon cœur avait choisi un individu de cette espèce, et surtout,
    inaccessible. Pas un regard, jamais. Non, jamais je n’avais pu croiser ses
    yeux. C’était à se demander s’il était conscient de mon existence –pour
    beaucoup de monde déjà, je n’existais pas. Pour tout le monde ? Non
    –presque, mon père était là pour moi. Ma mère, aussi… Un hoquet de douleur
    s’étouffa dans ma gorge. Je ne voulais pas y penser. Posant de nouveau ma tête
    contre la vitre froide, laissant mes longs cheveux clairs s’étaler sur
    celle-ci, collant de manière électrique. J’étais épuisée. Epuisée par cette
    journée, aussi longue et pénible que les autres. Fatiguée de tout. Je fermai
    les yeux, prête à rejoindre un autre monde. Un monde où je ne serais plus
    seule, et où tout irait bien. Un monde qui n’existait pas. Je m’endormis.


    * * * * *

    Flash Back.
    Deux ans auparavant.

    Je rentre de cours, traînant un peu les pieds, mais avec un
    sourire : je suis enfin chez moi, loin du collège barbant.

    - Je suis là Maman !
    Personne ne me répondit, et j’allai voir avec curiosité dans le salon.
    Personne. La cuisine était aussi vide, comme tout le reste de la maison. Ma
    mère n’était pas encore rentrée. Bizarre, car elle rentrait juste avant moi,
    normalement. Elle avait dû avoir un rendez-vous, ou autre chose dans le genre.
    Elle travaillait dans la banque de la ville, et son emploi constituait une
    bonne part des revenus de la famille. Haussant les épaules, je m’enfuis dans ma
    chambre terminer mes devoirs –j’avais une rédaction de français pour le
    lendemain- pour que la table soit mise (voire le dîner prêt) pour le retour de
    mes parents. Mon père, Tristan Hellen, travaillait durement dans une usine de
    produits chimiques, et rentrait tard le soir, généralement après vingt-et-une
    heures. Traînant mon sac dans les escaliers en bois, j’arrivai à l’étage et
    poussai la porte de ma chambre. Ce n’était pas une grande maison, mais
    suffisante pour une famille comme la notre. J’avais ma chambre, il y avait
    celle de mes parents, et cela suffisait très bien. Du revers de la main,
    j’écartais ce qu’il y avait d’encombrant sur mon bureau pour faire de la place
    à mes affaires de classe, et, tirant la chaise, me mis au boulot. J’étais
    encore en train d’expliquer pourquoi « Les Fourberies de Scapin »
    étaient comiques –sujet minable- quand j’entendis en bas la porte s’ouvrir.
    Sautant de ma chaise, je déboulais les escaliers, honteuse que rien ne soit
    encore prêt.

    - Désolée Maman (sans tenir compte que ça pouvait être mon père), je
    n’ai pas encore eu le temps de…

    Je m’interrompis sur l’avant dernière marche, chancelante, les yeux
    rivés sur la porte. Mon père –car c’était finalement lui- tenait encore la
    poignée, comme s’il était tombé dans ses pensées alors qu’il refermait la
    porte. Figée, je l’observais, curieuse. Je descendis les deux dernières
    marches, et attendis. Quelque chose n’allait pas. Ce n’était pas mon père plein
    de vie, qui malgré la fatigue, ma saluait toujours avec tant de chaleur que
    personne n’aurait pu manquer son arrivée le soir. Mais là, il était immobile.
    Il sembla alors enfin prendre conscience de ma présence, et se tourna avec une
    lenteur accablante.

    - Bonjour Papa… me contentais-je de marmonner, incapable de comprendre
    ce qui se passait.

    - Lana…
    Son ton était tout sauf enjoué. Moi, j’étais toujours figée, les bras
    ballants, mon regard bleuté posé sur lui avec effarement. Je ne comprenais pas.
    Que se passait-il ? Alors, il ferma la porte définitivement, et le *clic*
    résonna avec insistance dans le silence qui s’était installé. Tristan Hellen
    traversa le petit hall, et partit en direction de la cuisine. J’entendis que
    l’on tirait une chaise sur le carrelage. Me mordant les lèvres, j’étais incapable
    de bouger. Sa voix me fit tressaillir.

    - Lana ? Viens, il faut qu’on parle.
    A son ton, je sus que quelque chose était arrivé. Ce qui m’inquiétait,
    c’est que je ne voyais pas vraiment quoi, et lui d’habitude si optimiste,
    semblait trop abattu pour qu’il ne s’agisse que d’un petit quelque chose.
    Jetant un œil indécis à ma montre, je m’aperçus qu’il était bien tôt –à peine
    dix-neuf heures trente- et que mon père n’aurait pas dû être à la maison. Mais
    que ma mère, elle, aurait dû y être depuis longtemps. M’efforçant de prendre
    une respiration calme, je me dirigeai alors vers la cuisine, lentement,
    amorphe. Etrangement, je sus deux choses à ce moment-là : Premièrement,
    quelque chose de grave s’était produit. Ensuite, j’avais la certitude
    poignante, que ce soir, ma mère ne rentrerait pas.


    Mon père m’expliqua alors ce qu’il s’était passé. Ma mère, bancaire,
    s’était retrouvée prise au milieu d’un braquage. J’imaginais déjà le pire –mais
    j’allais découvrir qu’il y avait pire que pire. Ils avaient été cinq, cinq
    hommes armés et masqués. Le chef de la bande s’était attaqué à elle. La police
    réunie dehors ne pouvait rien faire ; les braqueurs avaient bien stipulés
    les clauses : s’ils entraient, les otages seraient tués. Mon père avait
    donc été prévenu, et avait dû attendre comme un fou dehors, après avoir essayé
    d’entrer. Les autorités avaient dû le retenir, et comme la foule dehors, avait
    dû patienter dans une attente intenable. Le chef, qui avait empoigné les
    cheveux de ma mère avec force, lui tirant vers le haut, lui avait alors demandé
    les clés du coffre. Ma mère, Marie Hellen, dure et déterminée, avait refusé.
    Une claque avait fusé. Deuxième demande, plus dure. Serrant les dents, elle
    avait refusé de nouveau. Un coup de pied d’un des autres braqueurs lui atteint
    les côtés, et elle avait lâché un hoquet de douleur. Alors, soudain, un cri
    s’éleva de ses coéquipiers. Il avait déniché la clé. Le meneur de la bande
    lâcha promptement ma mère, qui retomba mollement au sol comme une poupée de
    chiffon. Le sol entra en contact avec sa joue, et elle ne se releva pas. Alors
    qu’ils dévalisaient le coffre fort, et que les clients de la banque, ainsi que
    les employés tremblaient, couchés au sol, le chef de la bande revint alors vers
    ma mère, qui s’était relevée péniblement. Elle regardait le malfaiteur avec un
    regard de haine, presque d’insolence. Elle avait toujours été ainsi, ne se
    laissant jamais faire. Elle ne supportait pas que la situation lui échappât,
    d’une façon ou d’une autre. Tout ce que mon père me racontait-là, c’était les
    vidéos de surveillance qui lui avait apprises, visionnées en compagnie de la
    police municipale. Au coup de feu, mon père avait cru s’effondrer. Il avait
    sentit.

    - Alors, continua mon père d’une voix tremblante, il s’est approché,
    et… et a pointé son arme sur elle. Et il a tiré…

    J’ai cru que j’allais défaillir. Si je ne m’étais pas assise avant, je
    me serais écroulée au sol. Ma mère, oh, ma douce et gentille mère. Jamais plus
    elle ne rentrera à la maison avec un grand sourire. Jamais plus elle ne partagera
    avec moi ces moments entre mère et fille. Jamais, non, jamais plus je ne la
    reverrais. Jamais…

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MessageSujet: Re: ( Dream Wish ; quand rêve devient réalité.   ( Dream Wish ; quand rêve devient réalité. EmptySam 28 Nov - 14:03

    C h a p i t r e 2 :
    « Après réalité, place au rêve »

    Je me réveillai soudain, sentant les lueurs poignardantes du soleil au
    travers de mes paupières. Les frottant, encore endormie, je lançai une main
    hasardeuse pour trouver mon réveil sur ma table de nuit, et ainsi voir l’heure
    qu’il était, car le soleil semblait bien haut. Seulement, je ne rencontrai que
    le vide, et ouvris alors les yeux, ignorant la brûlure que cela me provoquait.
    Avec hébétude, je remarquai que je n’étais pas dans ma chambre, mais… dans un
    bus. Très certainement le bus du lycée. Je cherchai alors à me rappeler la
    veille. Ah oui, je me souvenais que Nigel s’était assis à côté de moi, puis
    avoir posé la tête contre la vitre, puis… plus rien. J’avais dû m’endormir. Il
    ne me manquait plus que ça ! M’endormir dans le bus scolaire et y passer
    la nuit ! Quelle imbécile je faisais… Mais, comment le chauffeur ne
    m’avait-il pas vu ? Et Nigel, alors ? Etais-je si insignifiante qu’il
    ne prendrait pas même la peine de me réveiller, ne serait-ce même sans un mot,
    en vue de mon arrêt, qui était avant le sien ? N’avait-il pas remarqué que
    je n’y descendais pas ? Mais, bien sûr, j’étais si peu présente pour lui
    –comme pour tous les autres- que personne n’avait pris la peine de me
    réveiller. Génial. Je me redressai, et j’entendis mon sac tomber par terre. Je
    ne pris pas la peine de le ramasser, et sortis du bus avec angoisse : mon
    père avait dû être dans une crise de folie quand il était rentré, et avait
    trouvé la maison vide. Surtout n’ayant pas réapparut dans la soirée. Il n’avait
    vraiment pas besoin de ça, de mal dormir par ma faute la nuit, alors que ma
    mère hantait encore ses cauchemars. Je soupirais, honteuse et dégoûtée de
    moi-même. La lumière du jour m’éblouit. Je jetai un œil à ma montre. Furieuse,
    je tapotai le cadran. Mais les aiguilles ne bougeaient plus. Décidément, une
    panne de pile dans ma seule référence d’heure, était tout ce qu’il me fallait.
    Je fis quelques pas au-dehors, la main en visière pour protéger mes prunelles
    bleues encore fragiles et ensommeillées de la lumière trop éclatante. Le soleil
    était haut ; il devait être prêt de midi. Où étais-je ? Dans un
    parking à bus, très certainement. Pourtant, je ne voyais ici aucun autre bus,
    peut-être mon chauffeur habitait-il dans les environs, et avait l’autorisation
    de garer le véhicule de son emploi devant chez lui ? Mais dans ce cas, où
    étais-je donc ?! Je ne reconnaissais pas les petites maisons en briques
    rouges, et on aurait vraiment dit une véritable paumée en plein milieu de la
    route, à observer les alentours. Les rues étaient désertes. Hier nous étions…
    vendredi, il n’y avait donc pas cours aujourd’hui. Tant mieux, je n’aurais donc
    pas à justifier une absence idiote. Je tournai sur moi-même plusieurs fois,
    mais ni le port qui partait en une grande allée à ma droite, ni toutes les
    petites habitations pittoresques à ma gauche, ni même le sous-bois mêlé à la
    ville derrière-moi, ne m’étaient familiers. J’avais bel et bien dû m’éloigner
    de chez moi, avec ce fichu bus. J’avais retenu la leçon : je m’efforcerais
    de ne pas m’endormir sur le trajet du retour. Soupirant, je m’assis brusquement
    par terre, enfouissant ma tête dans mes mains. Et maintenant ? J’ignorais
    où je me trouvais, je n’avais que seize ans, pas moyen de prendre une voiture,
    et rentrer en stop était tout sauf raisonnable dans cette banlieue inconnue.
    Soupirant de désespoir, je tournai soudain ma tête vers l’allée où étaient acheminés
    plusieurs bateaux. Je soupirai de nouveau, rêvasseuse. J’avais du temps à
    perdre avant que les autorités convoquées certainement par mon père pour
    signifier ma disparition n’arrivent enfin. Je me relevai, puis partis alors
    d’un bon pas vers l’allée du port –un port que d’ailleurs, je n’avais soupçonné
    l’existence. La mer était calme ; son bleu-gris digne de l’automne était
    pourvu de fines rides à peine visibles. C’étaient surtout des voiliers qui
    étaient amarrés ici. Je passais en les regardant, puis poursuivais mon chemin.
    Mon esprit s’égarait de nouveau, et je ne cherchai pas à revenir à la réalité.
    Soudain, je pilai net. Je fis volte-face doucement, avec une lenteur
    volontaire. Quelque chose d’incompréhensible m’avait forcé à m’arrêter. Une
    force invisible et inconnue jusqu’à ce jour. Une douleur poignante me prit
    alors à l’épaule droite, et je manquai de vaciller. Je soulevai ma manche avec
    hâte, curieuse de voir ce qui me brûlait ainsi. Ne rien voir du tout me
    déstabilisa. Soudain, la douleur s’effaça aussi brusquement qu’elle était
    apparu, et je restais chancelante un moment, à reprendre une respiration
    normale que la souffrance avait raccourci. Enfin alors, je me redressai
    lentement, puis tournai ma tête vers le bateau accroché à ma gauche. Mes cheveux
    longs, qui m’arrivaient jusqu’à la taille, s’envolèrent comme brusquement
    secoués par un courant d’air inexistant. Devant moi, un immense voilier
    tanguait doucement sur l’eau grisâtre. Ses voiles, anciennes, mais si
    majestueuses, grandes et blanches, fouettaient l’air en ondulant. Son mat
    montait haut, comme s’il voulait percer les nuages. Il était magnifique. Je ne
    m’étais jamais intéressée aux bateaux, mais celui-ci m’impressionnait. Il avait
    quelque chose de… surnaturel. Il était si beau, si grand, si… indescriptible.
    En fait, je m’aperçu qu’il n’allait pas dans ce petit port. Les autres
    paraissaient minimes à ses côtés. Soudain, alors que mes iris couleur azur
    parcouraient sa coque solide, faite d’un bois brun, j’avisai une petite
    silhouette postée sur le pont. Son regard était rivé sur moi. Je me figeai,
    m’empêchai de détourner mon regard. Pauvre matelot qui avait dû supporter mon
    regard parcourant son navire avec une insistance telle qu’elle avait dû
    paraître impolie. Alors que je relevai les yeux, je le surpris qui m’observait
    toujours. Mais il ne semblait pas vexé. En fait, un immense sourire étirait ses
    lèvres. Je m’autorisai à le détailler discrètement. Il était plutôt petit, pas
    plus grand qu’un enfant de douze ans. Son regard brillait d’un éclat que je ne
    comprenais pas. Il avait des cheveux roux, très courts, formant une petite
    couche rousse sur son crâne. Ses grands yeux également roux, d’un ambre
    puissant, me fixaient sans relâche. Gênée, j’allais m’excuser, ou au moins, le
    saluer –du moins, ouvrir la bouche pour paraître moins cruche- quand il me
    devança. Mais ses paroles m’ébranlèrent.

    - Lana !
    S’écria-t-il. Je vacillai, le fixai avec plus de pertinence. Le
    connaissais-je ? Il ne me semblait pas, du moins, pas dans mes souvenirs.

    - Euh… je vous connais ?
    - Non ! Mais moi, si ! s’exclama-t-il de sa petite voix
    enfantine et joyeuse.

    Je me mis à rire, nerveusement. Qu’est-ce que ça signifiait.
    - Vous devez confondre, je ne v…
    - Non, je ne confondrais pas. Tu t’appelles bien Lana, pas vrai ?
    Lana Hellen, même. Je me trompe ?

    - N-non, dus-je admettre.
    Il sauta sur le pont avec une agilité déconcertante, et s’approcha de
    la passerelle qui le reliait au port. Je ne bougeais pas. J’étais trop ébahie
    pour faire quoi que ce soit.

    - Allez, monte ! M’invita-t-il.
    - Non, je dois rentrer, contrais-je en secouant la tête, tournant mon
    regard vers le bus, qui semblait bien loin à présent.

    - Allons, Lana (à l’annonce de mon nom, je tournai brusquement mon
    attention vers lui), tu ne peux pas. Tu n’es pas là par hasard, tu sais. Monte,
    je sais que tu désires des explications. Les auras-tu, si tu t’en vas ?

    J’étais indécise. Que devais-je faire ? Qu’étais censée faire, en
    fait ? Je soupirais alors. Je capitulais. Prenant mon courage à deux
    mains, je fis deux pas vers le bateau, et me mit alors à marcher sur la
    passerelle qui paraissait bien fragile. J’évitai de regarder le sol, enfin,
    plutôt la mer, et gagnai alors le sol ferme. Je redressai la tête, et le jeune
    mousse m’attrapa par l’épaule pour me permettre de rester stable. Etrangement,
    son contact me brûla, déclenchant de nouveau cette atroce douleur qui m’avait
    prise peu avant. Je me pliai alors en deux, me tenant l’épaule de la main
    gauche en gémissant d’un cri étouffé.

    - Je ne me suis pas trompé, marmonna le jeune étranger.
    - S-sur… quoi ? réussis-je à articuler, la douleur s’estompant
    encore.

    - Au fait, tu ne voudrais pas savoir mon nom ? enchaîna-t-il,
    ignorant ma question.

    - Heu.. oui, pourquoi pas.
    - Bien. Je m’appelle Seïlan !
    - D’accord, enchantée, moi c’est…
    - Oui, Lana, je sais, me coupa-t-il de son ton toujours aussi gai.
    Timide, je regardais le plancher qui craquait doucement à chaque petit
    vague, quand je m’aperçu alors que j’étais seule. Le jeune garçon, Seïlan,
    avait disparu. Je fis le tour de moi-même, le cherchant des yeux. Mes prunelles
    l’aperçurent de nouveau. Il parlait avec un homme. Celui-ci semblait âgé, et
    une barbe grisonnante tombait devant lui. Soudain, il se tourna vers moi, et je
    l’observais sans pouvoir baisser mon regard –il était accroché au sien, qui me
    scrutait. Il hocha la tête, et fit volte-face. Seïlan revint alors vers moi de
    son pas gracile.

    - Allez, viens, Lana !
    - Où ça ?
    - Je vais te montrer ta cabine.
    - Ma… cabine ?
    - Ben… oui, murmura-t-il comme troublé que je ne m’y attende pas, mais
    je ne m’étais attendue à rien de tout ce qui venait de se produire, alors.

    Sur ce, il tourna les talons et disparut au coin d’un tournant.
    Surprise, je le suivis. Il n’était déjà plus là quand j’arrivais au coin, et je
    m’arrêtai. Devant moi, il y avait de grands escaliers qui descendaient dans
    l’obscurité. Descendre ? Ou bien m’enfuir à toutes jambes ? Je
    soupirai et décidai alors de descendre en bas, poussée soudainement par cette
    même étrange poussée d’énergie qui ne venait pas de moi. La lumière disparue
    au-dessus de ma tête, cachée par un plafond blanchi à la chaux. C’était une
    espèce de long tunnel d’où pointaient plusieurs portes, et je continuais de
    marcher, sans trop savoir laquelle devait désigner cette ‘cabine’ –et par la
    même occasion, à quoi elle était censée me servir. C’est alors que je découvris
    une des portes ouvertes. Je passai la tête par l’entrebâillement.

    - Seïlan ? appelais-je doucement.
    Il apparut brusquement devant moi.
    - Entre Lana !
    Aussitôt, il s’effaça sur le côté pour me laisser passer. J’entrai. La
    lumière était allumée, et se diffusait au moyen de modestes plafonniers. Les
    murs de la chambre étaient couverts d’un papier peint dans les tons chauds, qui
    rappelaient la saison automnale du moment. Les meubles en un bois foncés
    contrastaient avec le plafond blanc. Cela ressemblait plus à une suite dans un
    grand hôtel à Parie qu’à une simple ‘cabine’ de voyage. Quand je me repris,
    cessant ma description, je m’aperçu que l’étrange moussaillon m’observait avec
    joie. Son sourire était contagieux, sincère et rayonnant ; je ne pus
    m’empêcher de lui sourire à mon tour. Jetant un nouveau coup d’œil à ma montre,
    je pus conclure qu’elle était définitivement morte. Je tâtais mes poches ;
    elles ne contenaient rien sinon un bout de papier froissé, et une pièce de
    vingt centimes. Je me rendis compte que j’avais oublié mon sac de cours dans le
    bus, et j’espérais sincèrement que celui-ci n’allait pas repartir avec mes
    affaires.

    - Le Capitaine te voudrait au dîner, Lana. Tu peux rester habillée
    comme ça, ou alors, tu trouveras de quoi te vêtir dans l’armoire à glace
    là-bas. En attendant, tu es libre de vaquer à tes occupations.

    Après ces mots, le petit homme disparut dans le couloir. Quand je
    sortis, il n’était déjà plus là, et je franchis de nouveau le seuil de ma
    chambre, refermant la porte derrière-moi. Où étais-je, exactement ?
    Géographiquement, je n’en avais pas la moindre idée, mais qui
    étaient-ils ? La panique me saisit soudain. Et s’ils avaient de mauvaises
    intentions et que ce n’était qu’un masque que cet accueil ? Après tout,
    ils avaient très bien pu entrer dans le bus, et lire mon nom sur mes cahiers.
    Furieuse d’avoir été si imprudente, je me mordis la lèvre. Que faire, à
    présent ? J’étais forcée d’attendre, je ne pouvais m’enfuir ainsi. Et je
    n’étais pas du genre à me laisser faire, timide ou pas. Dès le dîner, je
    demanderais des explications. Lasse, je me dirigeais ensuite vers l’armoire que
    m’avait indiquée Seïlan, et l’ouvris. Elle ne contenait qu’une petite pile
    d’habits. Je les dépliai. C’était une longue tunique blanche, ceinturée d’un
    fin bandeau pourpre. Une magnifique tenue… mais qui n’allait pas dans notre
    siècle. Personne ne s’habillait ainsi, et je la repliai soigneusement, la
    rangeant, ne prêtant même pas attention aux autres accessoires qu’il y avait
    avec. M’asseyant sur le lit en soupirant, je posai ma tête contre la vitre qui
    donnait sur l’océan, laissant mon esprit vaguer au milieu des vagues, attendant
    ce fameux dîner…


    - Bonsoir, Lana. Je suis Mysthalio.
    Le Capitaine était déjà installé, au bout d’une immense table en
    marbre blanc. Il n’était plus vêtu de son costume de matelot, mais d’une
    tunique presque semblable à la mienne, mais dans une couleur plus sombre, d’un
    bleu orageux. Seïlan était venu me chercher dans ma cabine, et m’avait conduit
    jusqu’ici. Lui aussi s’était changé, et avait remplacé son habit bleu clair
    rayé de blanc de mousse par un ensemble turquoise, qui lui allait à merveille.
    Ses cheveux roux flamboyaient, tandis que les lumières créaient des reflets
    dorés dans mes cheveux couleur blé, et allumaient mes prunelles d’une topaze
    pure de manière irréelle.

    - B-bonsoir, répondis-je, intimidée.
    Déjà, je me demandais si j’aurais le courage de tout demander. Le
    repas se déroula en silence. Du poisson était servi dans des vastes assiettes.
    Peu habituée à vivre et manger dans de si luxueuses conditions, j’étais gênée
    la majeure partie du dîner. Enfin, après avoir englouti un dessert constitué
    d’une glace onctueuse et à la saveur exotique de la noix de coco, je posai
    alors ma serviette, et inspirai à fond.

    - Qui êtes-vous ? commençais-je, même si ma voix était moins
    déterminée que je ne l’aurais voulu.

    - Comment ça ? me répondit le Capitaine, interloqué.
    Je vis Seïlan hausser un sourcil, curieux.
    - Vous connaissez mon nom, vous sembliez presque m’attendre.
    - C’est exact, nous t’attendions. Et si nous t’attendions, c’est que
    nous te connaissions, non ?

    - O-oui, mais… comment ?
    - Parce que nous avons été informés.
    Sa réponse eut le don de m’énerver, ce qui renforça mon courage.
    - Ce n’est pas une réponse. Tout le monde pourrait connaître mon nom.
    - Que veux-tu savoir de plus ?
    - Quel âge j’ai ?
    - 16 ans.
    Une information aussi facile que le nom, et je faisais pile mon âge,
    ce qui aurait pu faciliter les choses. Je ne lâchai pas prise.

    - Avec qui vis-je ?
    - Avec ton père.
    - Seulement ?
    - Oui. Ta mère… est morte il y a de ça deux ans.
    J’ouvris la bouche ; la refermai, incapable de parler. La peine
    me submergea, mais j’étais surtout hébétée. Ca, ce n’était pas marqué sur mes
    cahiers, ni rien. Ca, personne n’aurait pu le deviner, comme ça, car avec le
    temps, je ne laissais plus paraître cette perte dévastatrice. Mon regard
    s’était adoucit, et la lueur provocatrice dans mon regard avait disparut.
    J’étais muette de surprise.

    - Bien, conclut alors Mysthalio, tu devrais aller dormir à présent, tu
    sembles éreintée.

    - Dormir ?! m’écriais-je un peu fort dans le silence de
    l’habitacle.

    - Oui, tu comptais dormir où ?
    - Je comptais plutôt rentrer chez moi, en fait… avouais-je, piteuse.
    - Rentrer chez toi ? En pleine nuit, alors que même la journée,
    tu n’aurais pu retrouver ton chemin ? Ce serait de la folie. De la pure
    folie…

    Je voulais protester, mais il avait raison, je n’avais rien à
    objecter. Souriant d’un air satisfait, le Capitaine poursuivit :

    - Seïlan, raccompagne la à sa chambre, et tu pourras toi aussi aller
    te reposer.

    - Bien, répondit le jeune garçon, qui repoussa sa chaise
    silencieusement et s’approcha de moi, se plantant à mon côté, poliment,
    m’attendant.

    Mes prunelles bleues étaient fixées sur l’étrange bonhomme qui se
    tenait toujours assis à la table. Mais quand j’y pensais, même Seïlan était
    étrange. Soupirant, je repoussai la chaise à mon tour –elle grinça, bien
    évidemment, je ne pouvais être aussi discrète que le mousse. Il me raccompagna
    à ma chambre, que je n’avais pas vraiment hâte de retrouver, en fait. J’avais
    peur de ne pas me réveiller, demain matin. Hésitant sur le seuil, les iris
    d’ambres de Seïlan discrètement posés sur moi, je me tournai vers lui.

    - Bonne nuit…
    - Bonne nuit, Lana, me répondit-il avec un sourire chaleureux.
    Je lui souris, entrai, et allai refermer ma porte.
    - Lana ? Ne t’en fais pas, nous ne sommes pas des malfaiteurs du
    même genre que ceux qui ont ôté la vie à ta mère. Tu t’en rendras vite compte,
    mais je voulais te l’assurer personnellement.

    Ses mots me surprirent –je ne m’y attendais carrément pas. Mais le
    pire, alors que je ne le connaissais même pas, c’est que je le croyais. Le ton
    de sincérité dans ses mots était palpable.

    - Euh… oui, d’accord, je… j’y réfléchirais.
    Il me sourit, inclina la tête, et tourna les talons, toujours
    souriant.

    - Et merci, euh, Seïlan !
    Un soleil aussi chaud qu’un immense soleil d’été ponctua mes paroles.
    Je refermai la porte, et je me laissai tomber sur le lit sans même prendre la
    peine de me déshabiller. J’étais épuisée, et le je sombrai dans l’inconscience
    d’un sommeil empli de rêves fabuleux en moins d’une minute…

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MessageSujet: Re: ( Dream Wish ; quand rêve devient réalité.   ( Dream Wish ; quand rêve devient réalité. EmptySam 28 Nov - 14:09




    C h a p i t r e 3 :
    « Welcome »

    Un léger coup à la porte me réveilla, d’une nuit sans rêves précis,
    juste un entremêlement d’images et de sensations. Quand j’ouvris les yeux, je
    mis un moment avant de me rendre compte que je n’étais pas dans ma chambre. Je
    contemplais sans comprendre les meubles étrangers, la lumière qui entrait de la
    fenêtre inconnue, un lit qui n’était pas le mien. Je me redressai brusquement,
    affolée. Alors, soudain, tout me revint. Le bus, le port, le voilier si étrange
    et majestueux, Seïlan, puis le dîner avec Mysthalio. Je regardai ma montre par
    pure habitude ; elle ne fonctionnait toujours pas, et ne fonctionnerait
    certainement jamais. Je marchai sur la pointe des pieds jusqu’à la fenêtre,
    pensant à mon père, qui devait se faire un sang d’encre, à m’attendre, à me
    chercher partout. Refoulant une foulée de remords, je regardai de l’autre côté
    de la vitre… et ne vis rien. C’est ce qui me choqua. Il n’y avait rien,
    vraiment rien. Je cherchais désespérément le bleu de la mer, de l’océan,
    mais il n’y avait qu’une épaisse couche brumeuse comme de la soie. Il devait y
    avoir un temps affreux, et un tel brouillard que tout en devenait invisible.
    Alors, je me rappelai ce qui m’avait réveillé quelques minutes plus tôt :
    un coup à la porte. Suspicieuse, je m’y avançais doucement, encore toute
    habillée de la veille. Je déverrouillai le loquet, et ouvris. C’était Seïlan,
    le jeune garçon.

    - Bonjour Lana !
    Toujours aussi souriant, aussi détendu et chaleureux. Comment ne pas
    lui retourner son sourire ?

    - Bonjour, Seïlan. Tu viens m’annoncer que je peux rentrer chez
    moi ?

    - Euh... (Il parut gêné), non, en fait, Mysthalio voudrait te voir.
    Je soupirai, et mon soupire ne passa pas inaperçu aux yeux du jeune
    qui baissa les yeux, mal à l’aise. Après tout, je rentrerais juste après. Je me
    forçai à sourire, et sortis doucement. Il jeta un coup d’œil à ma tenue, mais
    garda le silence, ce que j’appréciais. Ce n’était pas moi qui avais insisté
    pour rester ici, et je n’avais pas vraiment prévu de change. Dehors, la brume
    régnait, et je n’y voyais rien. Il devait bien souffler, car les voiles étaient
    déployées, et se secouaient au-dessus de ma tête. Je ralentis, curieuse. Les
    voiles avaient été déployées ? Pourquoi ? A quoi pouvaient-elles
    servir quand nous étions dans le port ? Soupirant de nouveau –je ne
    comprenais plus rien, rien du tout- je suivais Seïlan. Il marchait vite, et
    d’une démarche agile et gracile pour son âge. Ses cheveux roux ne semblaient
    pas ternes en l’absence de soleil, et il se retourna pour vérifier que je le
    suivais. Ses prunelles d’un ambre magnifique, pur, et chatoyant, accrochèrent
    les miennes, d’un bleu océan, azuréennes. Je détournai mon regard ; nous
    arrivions à l’avant du bateau. Appuyé contre la rambarde, le Capitaine était
    là. Polie, je restais en retrait, alors que le jeune mousse s’appuyait à son
    tour. Sans se retourner, Mysthalio m’aborda.

    - Bonjour Lana. J’espère que tu as passé une bonne nuit.
    Légère pause, j’allais répondre, mais il fut plus rapide que moi.
    - Je suis désolé de t’apprendre cela, mais… tu ne rentreras pas
    aujourd’hui.

    C’en était trop : j’explosai.
    - Quoi ?! Je dois rentrer aujourd’hui, mon père doit
    s’inquiéter comme un fou à l’heure qu’il est ! Je n’aurais jamais dû vous
    faire confiance… ! Il n’a plus que moi, il ne peut pas vivre sans moi,
    alors laissez-moi repartir, s’il vous plait…

    Mes derniers mots avaient eus des intonations de prière ; ce que
    je n’avais pas voulu, de la colère m’aurait suffit. Mais j’étais trop abattue.
    Relevant les yeux, je m’aperçus que Seïlan m’observait, avec un mélange de
    honte et de peine. Cela me choqua. Me voulaient-ils vraiment du mal ? Mais
    peut-être que le jeune n’était pas au courant des agissements de… ce
    ‘Capitaine’. Qui était-il, d’ailleurs ? Son père ? Son oncle ?
    Je n’en avais pas la moindre idée, et cela me déplaisait beaucoup que de ne pas
    savoir qui était ces gens étranges. Le silence s’était installé ; personne
    n’avait parlé.

    - Allez-vous me dire réellement qui vous êtes, et ce que vous me
    voulez ?

    Hésitation.
    - Je… nous ne sommes plus dans le Var, commença Mysthalio.
    - Ah bon ?! Et où sommes-nous, alors ?! M’énervais-je,
    frustrée qu’il m’annonce que nous n’étions plus dans les environs ; ce que
    je savais faux, car le voilier ne tanguait pas, il n’était donc pas partit en
    pleine mer pendant mon sommeil. Mais les voiles qui s’agitaient me donnèrent un
    certain malaise. Soudain, la même douleur que la veille, à l’épaule,
    m’incendia, et je tombai à genoux, grimaçant. Personne ne m’aida. Seïlan se
    contenta de s’agenouiller près de moi, et de poser une main sur mon épaule. La
    douleur passa, et je me relevai, laissant tomber l’appui du jeune étranger. Les
    dents serrées, je retroussais, comme la veille, ma manche pour tenter de voir
    ce qui causait ces douleurs brûlantes comme un fer chauffé. Hier encore, il n’y
    avait rien. Aujourd’hui, cependant, il y avait quelques marques rouges, tellement
    pâles que je ne parvins pas à comprendre ce qu’elles représentaient. Lasse, je
    laissai ma manche se remettre toute seule. Alors, enfin, je relevai les yeux.
    Mysthalio m’observait et son étonnement n’était pas feint.

    - Tu vois, je te l’avais dis, que c’était elle, lui murmura le jeune
    roux, si bas que je dus tendre l’oreille.

    - Des explications, c’est tout ce que je demande, marmonnais-je en les
    fixant tour à tour.

    Le Capitaine me regarda.
    - Qui te dit que nous sommes en mesure de t’en donner ?
    - Vous êtes étranges, vous connaissez trop de choses sur moi, vous
    êtes étonnez de voir cette douleur se manifester, donc vous en connaissez la
    raison. Et puis, nous ne sommes plus sur l’eau, je me trompe ?

    La dernière information, elle était sortie toute seule. Au fond de
    moi, je savais que je ne voyais pas l’océan tout simplement parce que nous
    n’étions pas sur celui-ci. Je ne savais pas ce qu’il se passait, et des
    explications seraient les bienvenus.

    - Perspicace, et attentive par-dessus le marché. Monsieur, c’était
    plus que ce qu’il nous fallait, elle fera des merveilles là-bas !
    S’exclama Seïlan.

    - Où ça là-bas ?
    - Oui, tu as raison mon brave, lui répondit Mysthalio, m’ignorant. Le Roi
    l’appréciera beaucoup, et Flamaë s’entendra parfaitement avec elle, tout comme
    Pryncë.

    Mais de qui parlaient-ils bon sang ! Je me raclai la gorge, et le
    Capitaine sursauta, affichant une moue gênée, comme honteux de m’avoir oublié.
    Mon regard océan s’était fait froid, et le fixait avec indifférence. Pourquoi
    lui et pas Seïlan –car il était dans le coup aussi, après tout- ? Parce
    que je ne parvenais pas à m’énerver contre le jeune homme, dont la bonne humeur
    était horriblement contagieuse.

    - Non, nous ne sommes plus sur l’eau. Nous… sommes dans les airs. Nous
    avons reçu l’ordre de te ramener. Tu as été choisie. Nous allons arriver, va te
    changer avec la tunique qui se trouve dans ton armoire, les habitants seront
    moins méfiants si tu es vêtue comme eux. Ensuite, rejoins-moi ici même.

    J’ignore comment il prit ma mine effarée, mais il me sourit d’un air
    encourageant. J’avais des tonnes de questions. Je me retournai vers Seïlan, qui
    redescendait déjà vers les cabines. Puis, je me retournai vers le Capitaine.

    - Pourquoi ? Et où m’emmenez-vous ? Comment ce voilier
    peut-il… voler ? (Ces mots étaient durs à réaliser pour moi) Qui êtes vous
    vraiment ?

    - Tu auras toutes les réponses à tes questions en arrivant, jeune
    fille, rigola-t-il. Et ce voilier n’est pas n’importe lequel, c’est le Sueño.

    Cela eut le don de m’agacer encore plus que je ne pouvais l’être.
    - Arrivés OÙ ?!
    - Patience, Lana, nous arrivons presque.
    Jurant, je tournai les talons, courant presque, bien décidée à m’en
    aller d’ici. Au lieu de tourner pour aller à ma chambre, je continuai vers
    l’arrière du bateau, vers le pont. Une fois arrivés, je me penchai. Je ne
    voyais rien. Rien que des touffes brumeuses. Désespérée, je m’effondrai
    lestement sur le plancher.

    - Ne t’en fais pas, je sais que c’est traumatisant, j’ai déjà vécu ça.
    Je me retournai brusquement. Seïlan était là, à quelques pas. Je ne
    l’avais pas entendu arriver. Les larmes roulèrent subitement sur mes joues.

    - J-je ne reverrais plus mon père, il a besoin de moi… sanglotais-je.
    Le jeune passa ses bras autour de mes épaules, et je me laissai aller
    contre lui. Comme s’il avait été un soleil en plein champ de glace, ma peine
    fondis peu à peu. Sa compagnie était vraiment bénéfique. Je me dégageai
    gentiment, et me relevai. J’essuyais mes larmes avec le revers de ma manche,
    lorsqu’il reprit la parole, d’une voix toujours aussi chantante et joyeuse.

    - Tu le reverras, Lana. Les Hülyssiens n’auront pas besoin de toi très
    longtemps. Je te le promets, tu reverras ton père. Et sache que, d’une manière
    ou d’une autre, il ne ressentira pas le manque de ton absence. Tu comprendras
    pourquoi, un jour. Sache que c’est pour nous une terrible nécessité que d’avoir
    recours à une humaine. Nous te serons redevables à vie, après cela. Maintenant,
    va t’habiller, Mysthalio a raison, il vaut mieux éviter de leur donner une
    quelconque raison de se méfier de toi dès le début.

    Je ne répondis rien, tendant le bras pour laisser mes doigts disperser
    la brume épaisse.

    - Ce sont des nuages, ajouta-t-il en souriant.


    Le froid engourdit mes mains dès que je sortis à l’air violent de
    dehors. Je les mis dans les poches de la tunique. Oui, je l’avais mise, cette
    tunique. Et pour tout dire, elle m’allait à merveille. Sa blancheur, et mes
    cheveux blonds comme les blés, me donnaient l’air d’un sage. Elle était ample,
    mais agréable. La fine ceinture –en fait une simple écharpe- aux tons rouge
    sang contrastait et formait un mélange agréable. Une petite capuche tombait
    dans mon dos, de la même blancheur immaculée. Avec les habits avaient été mises
    des bottines blanches, soigneusement fourrées et avec des franges. Cet attirail
    aurait pu paraître complètement ridicule ; il faisait pourtant royal ici.
    J’étais donc sortie, sereine, mes larmes séchées, quelques minutes plus tard.
    Le vent fouettait ma cape, et je croisai le regard rassurant du jeune homme aux
    yeux ambrés. Mysthalio se contenta de sourire à ma venue, ne laissant filtrer
    qu’une satisfaction singulière. Tous trois appuyés à la chambarde, nos regards
    étaient fixés loin d’ici, vers l’horizon invisible. Je m’autorisai à rêvasser,
    laissant mon imagination s’évader. Soudain alors, j’aperçu un scintillement
    beaucoup plus loin. Puis, une forme de couleur brune. Ce n’est que quelques
    minutes que je compris. Le soleil écarta les nuages avec une facilité
    déconcertante, et il rayonna soudain. La tache brune n’était que la terre. La
    terre ferme. Des bribes de voix nous parvinrent, et mes yeux impressionnés
    s’agrandirent d’appréhension. Une foule de gens étaient là. Je voyais des
    paysages verdoyants, des collines, des montagnes…

    - Garde ton sang froid, met ta capuche, et ne parle à personne,
    m’intima doucement le Capitaine.

    J’hochai la tête, avant de rabattre mon capuchon qui me tomba sur le
    front.

    - Où sommes-nous ? Chuchotais-je, de peur peut-être d’être
    entendue alors que nous étions encore loin.

    - Tu sais, il y a un bateau qui mène au pays des rêves…
    - Une légende, sifflais-je.
    - Oui, mais qui a dit que les légendes étaient fausses ?
    Je ne dis rien, et le vieil homme reprit :
    - Mais il arrive parfois que les rêves s’entrechoquent…
    - Où sommes-nous ? Répétais-je alors.
    Cette fois, ce fut Seïlan qui me répondit.
    - A Dream Wish.

    Tant de monde était présent ! Tant de monde semblait nous
    attendre, et les lueurs d’espoirs que je voyais briller me fit chanceler. Nous
    descendîmes du Sueño qui s’était posé sur un quai. Je ne savais pas comment il
    était dirigé, mais je ne m’y intéressais plus à présent. Je marchais tête
    baissée, intimidée, poussée par Mysthalio, et avec la main rassurante et
    encourageante de Seïlan dans la mienne. Les rares fois où j’osais brièvement
    relever les yeux, je voyais les capes blanches comme les miennes, ceinturées de
    pourpre. Leurs capuches n’étaient pas mises, et je découvrais des chevelures
    brun chocolat, ou encore d’or. Elles étaient tellement variées, comme les
    yeux, souvent de la même couleur que les cheveux. Mais tous, hommes ou femmes,
    et même enfants, portaient cet habit. Ainsi, je ne passais pas –trop- pour une
    étrangère. Pourtant, on me dévisageait terriblement, et cela me mettait mal à
    l’aise. Des murmures s’élevaient régulièrement tandis qu’on fendait la foule,
    et j’essayais de ne pas y prêter attention. Des « elle est
    humaine ! » ou encore « mon dieu, qu’elle est jeune !
    Pauvre enfant ! » résonnaient sur nos pas. Les plus désagréables
    étaient du genre « elle n’y parviendra jamais ! Ramenez-là où vous
    l’avez prise, vous avez dû vous tromper. » Je me retenais de boucher mes
    oreilles comme une gamine puérile. Enfin, nous arrivâmes devant des carrosses
    immaculés, tirés par des chevaux tout aussi blancs. Je me croyais en plein dans
    Cendrillon. Mysthalio me fit monter, et je le vis refermer la porte, avant
    d’aller avec le jeune garçon s’installer dans celui de derrière. J’étais
    pétrifiée à l’idée d’être seule une minute, mais mon angoisse se dissipa
    lorsque je me rendis compte que la cabine était vide. J’abaissais alors ma
    capuche. Soudain, dans l’ombre du siège d’en face et alors que les chevaux se
    mirent en route, j’entendis le soupire d’une respiration, et me figeai. L’ombre
    se découpa, dessinant une silhouette fine et svelte.

    - Tu dois être Lana.
    C’était une voix mélodieuse, terriblement belle. La silhouette
    s’activa, et se pencha un peu plus en avant, pour se montrer à la lumière.
    C’était un jeune homme à qui j’aurais donné moins de la vingtaine, d’une grâce
    à couper le souffle. Il avait de fins cheveux blonds, comme les miens, mais
    c’est yeux étaient d’un vert émeraude.

    - Euh… oui, c’est bien moi…
    Un sourire ravageur apparut sur ses lèvres.
    - Je m’appelle Pryncë. Enchanté.
    - D-de même, murmurais-je, intimidée, détournant mon regard bleuté.
    Le dénommé Pryncë se recula à nouveau dans l’ombre ; je ne voyais
    de lui plus que ses dents blanches et le pendentif de son collier, qui n’était
    qu’une belle perle nacrée. Lui, au contraire des autres, ne portait pas de
    tunique semblable aux autres. Il était vêtu d’un ensemble vert clair, qui
    rappelait les jeunes pousses d’herbes et des bourgeons. Une chemise et un fin
    pantalon en toile. Il ressemblait à un elfe, et je souris de ma comparaison,
    qui lui allait si bien.

    - J’espère que tu te plairas, ici, me dit-il alors.
    - Je l’espère aussi, lui dis-je sincèrement, dans un souffle.
    - Tu n’as pas l’air très rassurée.
    - J’attends beaucoup de questions, en fait.
    - Ne t’en fais pas, le Prince t’en donnera.
    - Le Prince ? Quel Prince ?
    - Le Prince de Dream Wish, voyons. Cesse de t’agiter, nous arrivons.
    J’opinai silencieusement, écartant les rideaux qui masquaient les
    fenêtres. La foule avait disparue, elle n’était plus qu’une ligne
    derrière-nous. Quand je jetai un œil sur le chemin qui nous empruntions,
    j’aperçu avec stupeur un immense château. Mais dans quel pays étais-je donc
    tombée ?!

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MessageSujet: Re: ( Dream Wish ; quand rêve devient réalité.   ( Dream Wish ; quand rêve devient réalité. EmptyDim 29 Nov - 12:43

    C h a p i t r e 4 :

    « Raconte-moi une histoire... »

    La calèche s’était arrêtée ; l’étrange jeune homme était sortit.
    Inquiète, j’attendais, hésitant à sortir. Alors, la joyeuse silhouette de
    Seïlan apparut dans l’encadrement de la portière, et je souris.
    - Tu viens Lana ? Me lança-t-il gaiement.
    - Oui, je te suis !
    Je sautai au sol, observant les alentours. Ma bouche s’ouvrit, et mes
    yeux s’agrandirent de surprise et d’admiration.
    - Héhé, c’est différent de chez toi, pas vrai ?
    - Où sommes-nous ?
    - A Windëan. Ce n’est pas la capitale de Dream Wish, mais c’est la
    grande ville des Hellios, et comme le Roi est un Hellios…
    - Un quoi ? Répétais-je, estomaquée.
    - Un Hellios ! Répondit-il en rigolant. C’est une des races de
    Dream Wish. Ils ont la couleur des cheveux et des yeux la même que leur…
    - Attends, le coupais-je sans le laisser terminer, vous n’êtes pas
    humain ?!
    - Eh non. Enfin, Mysthalio oui, mais je ne le suis pas. Et le jeune
    homme que tu as rencontré dans la calèche, Pryncë, non plus. Mais lui, c’est un
    Hyrrah.
    - Hellios, Hyrrah, tentais-je de mémoriser. Vous avez pourtant
    l’apparence humaine.
    - L’apparence, oui, s’exclaffa-t-il.
    J’allais l’interroger sur la signification de ses mystérieuses paroles,
    mais je n’en n’eus pas le temps. Le dénommé Pryncë se trouva brusquement devant
    nous.
    - Vous venez ? Le Roi doit repartir se coucher dans moins de dix
    minutes, et le Prince vous attend. Allez, dépêchez-vous !
    Avec un sourire, je suivis les deux garçons. Nous marchâmes sur un
    petit chemin qui serpentait. Mes yeux étaient toujours agrandit par
    l’admiration. Devant moi était bâti un immense château. Je me croyais dans un
    véritable conte de fées ; des douves, des tours, des drapeaux aux motifs
    complexes, mais tout cela dans un entrelacement de lierre. Oui, du lierre. Tout
    était en bois, mais un bois qui semblait plus solide que celui de chez moi.
    Celui-ci était couvert d’un lierre et de branchages qui grimpaient le long des
    parois, et s’enroulaient parfois dans les airs, comme autour de courants d’air
    invisibles. J’étais en totale admiration quand Seïlan attrapa ma main et me
    tira en avant pour me faire avancer. L’entrée était gardée par deux
    sentinelles : l’un était un homme aux cheveux noirs comme le
    charbon ; plus étonnant, ses yeux l’étaient tout autant. L’autre était une
    femme, allongée et svelte. Ses cheveux étaient d’un ton chocolat, d’un brun
    pur. Ses prunelles l’étaient aussi. Tout les ‘Hellios’ avaient-ils cette
    particularité ? Je compris soudain. Seïlan en était un alors ! Mais
    qu’étaient-ils exactement ? Et Pryncë, un ‘Hyrrah’, qu’était-ce ?
    Abandonnant toutes idées de trouver une réponse, je remarquai alors que nous
    franchissions la porte. Elle était massive et c’était deux arbres courbés vers
    le haut, formant une arche chevaleresque avec leurs branches entremêlées.
    L’intérieur était époustouflant. Les plafonds étaient hauts –je peinais à en
    voir le fond, bien vingt mètres. C’était une grande salle, où s’activaient de
    nombreux Hellios –je le savait car ils avaient tous la même couleur de chevaux
    et d’yeux, d’ailleurs, Seïlan avait dit qu’ils avaient la même couleur que leur
    quoi ? J’avais dû le couper à ce moment-là. Dans la vaste salle étaient
    plantés plusieurs arbres noueux, laissant penser qu’ils remplaçaient des
    colonnes. Les murs étaient en entrelacement de branches rectilignes mais qui ne
    paraissaient pas oppressées pour autant. Alors que j’étais toujours en train de
    détailler l’intérieur du château, un petit groupe de personnes fendirent la
    foule. Seïlan et Pryncë étaient à côté de moi ; Mysthalio demeurait
    invisible. La foule d’Hellios s’écarta, et je découvris alors seulement deux
    personnes ; un jeune homme et une jeune fille, qui devaient avoir mon âge.
    Le jeune homme avait une peau claire, mais ses cheveux étaient d’un gris
    magnifique. Pas un gris terne signalement un âge avancé, un gris nuancé, pur et
    orageux. Ses prunelles étaient de cette même couleur pastelle et si jolie. Il
    arborait une allure grave, mais son joli minois cachait mal un sourire. La
    jeune fille, elle, avait des cheveux d’un noir corbeau. Elle arborait un
    sourire espiègle et lunatique, amical. Mais ses yeux étaient d’un bleu aussi
    pur que les miens ; elle n’était pas Hellios.
    - Bonjour, Lana. Merci d’être venue, infiniment.
    Je me tournai vers l’adolescent, qui s’était avancé. Je ne fis pas
    remarquer que l’on ne m’avait pas laissé le choix ; et je pensai à mon
    père, sûrement anéanti. Je repoussai la bouffée de culpabilité ; je n’y
    pouvais plus rien à présent.
    - Je vous en prie, tout le plaisir est pour moi de… découvrir un si
    beau monde.
    - Alors comme ça, tu viens vraiment du monde des Humains ?!
    S’exclama la jeune brune.
    - Oui, c’est de là que je viens, lui répondis-je avec un sourire.
    Passant une main dans mes cheveux, je lançai un regard au jeune homme,
    qui m’observait avec une lueur d’espoir inconnue. Il parla alors de nouveau.
    - Je suis le Prince Jyslan. Suis moi, Lana.
    Sans tenter de me demander pourquoi tout le monde connaissait mon nom,
    je le suivis, imitée par mes compagnons.
    - Moi, c’est Flamaë, enchantée Lana ! Se présenta la jeune
    brunette.
    - C’est un joli nom !
    La foule nous observait avec des regards curieux et plein d’espérances.
    Intimidée, je me bornai à regarder le sol. Alors, nous passâmes une porte, puis
    entrâmes dans une pièce qui semblait petite comparée à l’immense salle
    principale ; mais qui était pourtant elle aussi, vaste. Au fond de
    celle-ci, on pouvait apercevoir un vieillard couché sur une chaise en velours
    gris légèrement incliné vers l’arrière. Nous nous arrêtâmes devant lui, et je
    fus surprise de voir que tout le monde s’inclinait. Derrière-nous, les portes
    s’étaient refermées ; il y avait dans la pièce Seïlan, Pryncë, Jyslan,
    Flamaë, le vieillard et moi. Gênée, je m’inclinai en posant un genoux à terre,
    ne sachant pas trop comment faire.
    - Relève-toi, Lana. C’est moi qui devrait m’incliner devant toi.
    La voix du vieillard était forcée, et il fut immédiatement pris d’une
    quinte de toux. Docile, je me relevai. Les autres finirent par faire de même.
    Le jeune aux cheveux d’argents s’approcha.
    - Repose toi, Père, je vais m’occuper de tout lui expliquer.
    Sur ce, les yeux du vieillard se fermèrent et il sembla dormir
    instantanément. Les autres s’en allèrent alors de suite, et je les rattrapai au
    petit trot. Nous traversâmes un long couloir, puis entrâmes dans une pièce où
    trônait une table aussi longue que l’était la surface de ma maison, chez moi. Chez
    moi…
    Quand y retournerais-je ? Je l’ignorais, et cela me désolait
    tellement… Tâchant de ne plus y penser, je m’assis à une des chaises entourant
    la tablée, suivant le mouvement de tête de Jyslan. Tous avaient le regard fixé
    sur moi ; gênée, je le détournai. Le Prince s’éclaircit la gorge.
    - Bien, je crois que tu as le droit à des explications, Lana. De tout
    ça (il engloba la salle et tous ceux attablés autour de moi d’un geste des
    mains) et de tes raisons à être ici. Hum, je ne sais pas trop par où commencer.
    Peut-être que commencer par le début serait le mieux, en fin de compte.
    - Oui, parce que commencer par la fin me semble difficile en
    fait ! Pouffa Flamaë, qui fut réprimandée d’un regard lourd de sens du
    Prince.
    - Donc, je disais, reprit Jyslan. Ici, tu es à Dream Wish. C’est une
    sorte de… monde parallèle au tien. Certains d’autres nous ( il posa son regard
    sur Seïlan ) viennent de là-bas, eux aussi. Mysthalio, le Capitaine qui t’a
    conduit jusqu’ici, est chargé de ramener ceux qui ne sont pas humains ici. Apr…
    - Mais je suis humaine moi ! Ne pus-je m’empêcher de lui faire
    remarquer.
    - Moins que tu ne le crois, Lana. Laisse-moi finir, veux-tu ? Me
    pria-t-il avec un large sourire.
    J’acquiesçai, troublée par ses paroles.
    - Bien. Dream Wish est, enfin était, un monde paisible. Il y a trois
    Pôles : Windëan, ici même. C’est la Capitale Hellios. A cinq mille lieues
    d’ici, il y a Mynëar. C’est la Capitale Hyrrah. Et à sept mille lieues, mais de
    l’autre côté se trouve Kyma’Lyn.
    Il fit une pause. J’en profitai, trop curieuse pour me taire.
    - Capitale des quoi … ?
    - D’une espèce presque éteinte, avoua-t-il en jetant un regard appuyé
    et attristé à Flamaë, qui baissa le regard.
    - Une espèce qui est ?
    - Cela n’a aucune importante, enchaîna-t-il. Tout se déroulait à
    merveilles, depuis plus de six mille étés, quand mon père a découvert ce monde.
    - Ton, euh, votre père a plus de six mille ans ?! M’exclamais-je.
    Le rire du Prince emplit la salle.
    - Eh bien, tu es bien attentive, et surtout curieuse ! Mais je ne
    peux pas t’en vouloir de te poser toutes ces questions. Oui, mon père, Hülyss,
    le Roi de Dream Wish, a exactement six mille trente-six étés. Je chargerais
    Seïlan de t’expliquer un peu mieux ce que nous sommes, maintenant, essaye de
    garder tes questions !
    Ca aurait pu être un reproche, il me regardait avec une lueur espiègle
    et amusée.
    - Kyma’Lyn, donc, est depuis dix étés, envahie par des créatures
    maléfiques : nous les appelons les Trakaë. Ils viennent d’un autre monde
    encore, de la Planète Noire. Ce sont … des hommes ( il me jeta un regard
    hésitant ; je ne réagis pas. ) et …
    Nouvelle hésitation. Je soupirai.
    - Vous me cachez trop de choses. Expliquez-moi clairement les raisons
    de ma présence ici, je ne peux pas deviner toute seule !
    Mais il continuait à rester silencieux. C’est Flamaë qui se leva, et
    son regard aussi bleu que le mien se posa sur moi.
    - Il nous faut une humaine pour combattre des hommes.
    - Pourquoi moi ?
    - Sauf qu’ils ne sont pas tout à fait humains, donc tu auras besoin de
    l’aide de nous tous. Un de chaque espèce. L’alliance des trois.
    J’en conclu qu’elle aussi était humaine.
    - Pourquoi avoir besoin de moi ?
    - Parce que tu es unique, et seule toi peux les repousser.
    Je manquai d’exploser de rire, tellement ça me semblait fou. Mais je ne
    le fis pas, tous ces regards fixés sur moi m’en empêchèrent. Un soupir
    résonna ; je me tournai vers Jyslan, qui reprit la parole.
    - Vois-tu, notre monde a été découvert par mon père il y a six mille
    étés. Je m’étais toujours senti différent. Non, nous ne vivions pas sur Terre
    avant, mais sur un autre monde encore, appelé Begyn. Quand mon père trouva
    cette terre, nous y amenâmes tout être différent, qui n’était pas humain, ni
    maléfique. Peu après, alors que la population affluait enfin sur Dream Wish,
    les différents peuples élirent Hülyss comme Roi. C’est ainsi que je devins
    Prince, aussi. Même s’ils étaient différents, les différentes races
    s’entendirent et se départagèrent le monde. Il y a certaines races qui vivent
    en minorité, ou avec d’autres races qui les ont accepté, mais généralement, on
    accepte peu de se mélanger. Seulement, voilà qu’aujourd’hui, nous le devons. Un
    ennemi commun peut réunir des peuples pourtant bien différents. Nous voulons
    tous tirer un trait sur les Trakaë. Ils se sont emparés de la cité de Kyma’Lyn,
    et ont anéanti toute l’espèce qui y vivait. Seuls quelques-uns ont pu survivre
    ( j’aperçus Flamaë qui baissait la tête –avait-elle connu quelqu’un qui avait
    été exterminé ? ). Nous avons besoin de toi, de ton aide. Es-tu prête à
    nous aider ?
    Sur moi étaient rivés des prunelles bleues, vertes, rousses et grises.
    Tant d’être différents, qui attendaient tant de moi, simple humaine. Jyslan
    voulait-il me faire croire que j’avais le choix ? L’avais-je
    réellement ? Je passai une main nerveuse dans mes longs cheveux blonds.
    - Ai-je le choix ? Murmurais-je doucement.
    Je vis Flamaë m’observer avec attention, Seïlan détourner le regard,
    Pryncë le baisser, et le Prince ne répondit pas. La réponse était claire.
    - Ce n’est pas pour dire que je refuse, je voulais juste savoir. Je
    connaissais la réponse. Mais … j’accepte de vous aider.
    Tout d’un coup, les prunelles s’illuminèrent.
    - Mais à une condition ! Que je puisse rentrer chez moi quand tout
    ça sera finit …
    Je n’obtins de réponse qu’après plusieurs secondes qui me parurent une
    éternité. C’est Pryncë qui me répondit.
    - Bien sûr, Lana. Si nous réussissions, tout le monde te vénèrera. Tes
    vœux les plus chers seront une offrande, si tu réussis à sauver notre monde.
    Pour moi, ça faisait beaucoup de ‘si’, mais je retins tout commentaire.
    Devant mon silence, le Prince se leva.
    - Bien, je m’en vais annoncer la bonne nouvelle à mon Père. Merci
    encore, Lana, merci. Seïlan, tu es chargé de lui expliquer quelques détails.
    Nous partons demain.
    Et avec une grâce féline, il quitta la salle. Les autres suivirent, en
    me lançant quelques sourires. Jyslan avait bien insisté sur le ‘quelques’, il
    ne voulait pas que je sache tout. Mais qu’est-ce qui pourrait bien
    m’effrayer ? Je restai pensive, et silencieuse.
    - Lana ?
    Je relevai la tête. Seïlan souriait, de manière hésitante, mais
    toujours aussi chaude.
    - Veux-tu que je t’explique quelques trucs ... ?
    J’acquiesçai, muette.
    - Bon. Ici, se sont des Hellios qui vivent. Nous sommes, euh… comment
    t’expliquer. Je ne suis pas humain.
    Ca, je l’avais compris.
    - Enfin, j’ai l’apparence et tout, ce que je veux dire c’est que je ne
    suis pas humain.
    Je relevai la tête.
    - Tu n’es pas humain ?!
    - Non, admit-il avec un sourire. Un Hellios est un animal, inséré dans
    un corps humain.
    J’avais la bouche ouverte d’étonnement.
    - Inséré ?
    - Oui, enfin, nous sommes choisis, puis ensuite, nous prenons un corps
    humain. Les cheveux et les yeux de l’humain prennent notre couleur d’origine.
    Je réfléchis un instant.
    - Donc tu es …
    - Un renard, oui. J’ai l’âme d’un renard, même si j’ai appris à vivre
    comme un homme. Tous ceux qui habitent Windëan sont comme moi. Nous possédons
    le caractère et les capacités premières de notre animal.
    - Le Roi et Jyslan aussi ?!
    - Oui. Eux sont des loups.
    Je revoyais leurs cheveux argentés, leurs prunelles grises. Des loups.
    - Et Flamaë ? Et Pryncë ?
    J’étais curieuse, tout d’un coup ! Cela ne m’effrayait pas,
    j’aimais cette idée !
    - Flamaë est une, euh… quelque chose. Et Pryncë n’est pas un Hellios.
    - Ah oui, un Hyrrah, c’est ça ?
    - Oui. Un Hyrrah peut vivre aussi longtemps que nous. Enfin, plus
    longtemps même que nous.
    - Vraiment vieux ?!
    - Souviens-toi, Hülyss a découvert Dream Wish il y a six mille étés. Tu
    sais quel âge à Jyslan ? Quatre mille trois cent soixante deux ans !
    Rigola-t-il.
    - Et toi ?
    - Moi, je n’ai que mille quatre-vingt dix étés.
    ‘Que’ ? Je manquai de rire.
    - Vous êtes… vraiment immortels, alors ?
    - Oui ! Enfin, immortel par le temps, mais pas par le sang.
    - Comment ça ?
    - Si tu me plantes une épée dans le cœur, je meurs ! Enfin, on
    peut mourir de blessures, maladie, tout ça. Mais le temps n’a pas d’effets sur
    nous.
    - Et les Hyrrah, que sont-ils ?
    - Un Hyrrah est comme un humain. Mise à part qu’ils sont très agiles.
    Et surtout, qu’ils ont sept vies. Ils sont aussi immortels que nous, sauf que
    si on les tue, eh bien, s’ils ont encore des vies, ils se réveillent seulement
    quelques minutes après.
    J’étais ébahie.
    - Pourquoi … pourquoi tout le monde reste si mystérieux par rapport à
    Flamaë ?
    - Parce que… tu apprendras des choses sur elle au moment venu.
    - Habitait-elle à Kyma’Lyn ?
    - Oui…, avoua-t-il.
    - Je ne comprend pas.. Elle est humaine, pourtant.
    Je cherchai son regard ; il me fuit.
    - Non ?! M’exclamais-je soudain, comprenant.
    - Non…
    - Mais, alors.. ça veut dire que …
    - Oui, elle est l’une des dernières de son espèce…
    Je ne savais pas ce qu’elle était. Ni combien il restait d’individus de
    sa race. Mais j’éprouvais une compassion énorme pour elle, qui semblait si
    souriante, si vivante. Elle, qui avait le même regard que moi.
    - Toutes les… enfin, ce qu’elle est ont les… Euh.. n-non, rien,
    oublie..
    Je le regardais en fronçant les sourcils. Que voulait-il me
    révéler ? Je soupirai.
    - Quand partons-nous ? Demandais-je, même si je ne savais pas ce
    qu’il me revenait de faire.
    - Demain, comme Jyslan l’a dit.
    - Qui vient avec nous ?
    - Ceux qui étaient présents là. Flamaë, Jyslan, Pryncë, toi, et moi.
    - Avec moi, ça fait quatre races.
    - Pardon ?
    - Hellios, Hyrrah, … quelque chose et Humain, pour moi, ça fait quatre.
    - Nous sommes quand même trois. Plus tard, tu comprendras.

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